"Marly", appela sa mère depuis la cuisine de leur petit appartement miteux. La petite brune trottina jusqu'à elle, le palmier sur sa tête oscillant de gauche à droite, et sa mère s'agenouilla à son niveau. Elle n'était encore qu'une enfant de trois ans, mais Marly savait ce que cela signifiait : soit le sujet était sérieux, soit elle allait se faire fâcher, et elle n'avait encore fait aucune bêtise aujourd'hui.
"J'ai fabriqué un collier pour toi", dit-elle en lui passant autour du cou,
"mais il faut que tu me promettes une chose". Son regard était profond, et la jeune fille comprenait que cela représentait beaucoup pour sa mère.
"Il ne faut jamais que tu l'ôtes, ce collier va te protéger des méchants." Les "méchants" étaient la façon dont elles désignaient les démons qui avaient quelques fois retrouvé leurs traces.
"Oui." "Dis le, Marly." "C'est promis Maman, je ne l'enlèverai jamais." Elle apprendrait plus tard que cela l'empêchait d'être localisée par les êtres maléfiques de faible niveau. En particulier, cet objet avait pour but de la tenir éloignée de son géniteur. Cela fonctionnera quelques temps, leur offrant six années de calme, avant la tempête.
-----
Un homme, sale et vêtu tout de noir, était venu la récupérer dans la cour de l'école, et l'avait éclipsé jusqu'à son domicile, avant même qu'elle n'ait eu le temps de dire "ouf". Cette téléportation soudaine l'avait privée de tous ses repères, et en plein milieu du salon, son regard se fixa instantanément sur un spectacle terrible. Sa mère avait le visage tuméfié, les bras et les jambes attachés, couverts de coupures et de brulures, le corps contorsionné de douleurs. Un "méchant" se tenait au-dessus d'elle, l'air hargneux. Son bras se leva, et la puissance de la gifle qui suivit inscrit le bruit dans la tête de Marly pour toute sa vie. Du sang coula des lèvres de sa mère tandis qu'elle se mit à hurler, des torrents de larmes se déversant sur ses joues. Ses propos étaient incompréhensibles mais pleins de rages et elle fermait les yeux, tentant de s'extirper de ce cauchemar. Cela ne pouvait pas être vrai, elle ne le voulait pas. Elle secouait la tête de gauche à droite, en état de choc, quand elle sentit une main attraper son menton.
"Arrête", lui dit le démon d'une voix grave,
"calme-toi, Papa est enfin là." Il avait l'air d'un fou, avec ses grands yeux la scrutant et son sourire dérangeant. Pourtant, les sentiments de haine, d'incompréhension, de tristesse, si forts un instant plus tôt, disparurent et laissèrent peu à peu place à une sérénité intérieure, sous l'effet du pouvoir d'empathie de son père.
"Quand je pense que tu as tenté de me priver de cette beauté..." Un éclat de fureur traversa son regard.
"Tu as bien pris de ton père, ma petite." Sa mine se renfrogna à cette appellation, qui ne lui était pas autorisé. La manipulation de son état n'empêchait Marly ni de penser, ni de se sentir impuissante et terrorisée à l'idée de ce qu'il pourrait arriver, face à un homme aussi instable.
"En parlant de ce que tu aurais pris de moi, quels sont tes pouvoirs, ma chérie ?" La petite brune détourna la tête, et un long silence suivit. Elle savait que la réponse ne lui plairait pas, et ne pouvait se résoudre à lui donner. Sa mère, convaincue que son père avait sombré dans la folie à cause de ses pouvoirs, avait bloqué leur apparition chez Marly, dès la naissance.
"Je l'ai empêché d'en avoir, Steve, et tu sais pourquoi...", finit par dire une petite voix fluette, pleine de résignation et de douleur, de derrière la scène. Le rythme cardiaque de la petite accéléra, transie de peur tandis que son père avait fait volte face pour attraper sa mère par le col.
"Comment as-tu osé ?" hurla-t-il, le visage déformé par la colère. Marly aurait voulu la défendre, aurait voulu pouvoir parler, mais son corps était paralysé par la peur.
"Tu ne pourras pas dire que tu ne m'y as pas obligé...", se reprit-il, soudain plus calme, en réajustant son costume noir. Un regard vers son camarade, une phrase :
"Tu sais ce que tu as à faire", et le sort de sa mère était scellé. Malgré qu'elle se débattait, son père n'hésita pas à utiliser la force pour l'emporter avec lui. Elle eut tout juste le temps de voir une boule de feu apparaître dans la main du second démon, et d'entendre les derniers mots de sa mère :
"Je t'aime, Marly", avant un long cri, accompagnant leur éclipse, et résonnant encore quelques fois dans ses nuits.
-----
La première action de son père avait été de trouver une sorcière capable de lui rendre ses pouvoirs, avant de la tuer, elle aussi. Marly s'était enfermée dans un mutisme total, refusant de prononcer une parole, et n'avait même pas réagi à ce deuxième crime, presque sans surprise. Elle avait mis un voile sur ses ressentis, paralysée émotionnellement par le choc d'avoir perdu sa mère aussi soudainement. Elle vécut éteinte avec lui et sa bande, tous plus bêtes les uns que les autres, dans un trou crasseux des enfers durant une année entière. Une année durant laquelle elle ne mangeait pas à sa faim, elle observait régulièrement des actes infâmes, qu'elle n'évoque toujours pas aujourd'hui, elle n'avait pas l'autorisation de retourner à la surface, et elle épuisait le peu d'énergie qu'elle avait à utiliser ses pouvoirs, sous les ordres de son père. Il voulait l'entraîner, la voir devenir comme lui et œuvrer pour sa cause. Comme tous les êtres maléfiques, il avait des ambitions primaires : gagner en pouvoirs, et diriger les enfers, et il voulait que sa fille soit à ses côtés à ce moment. Mais, malgré sa résignation apparente, Marly avait d'autres intentions. Elle n'abandonnait pas l'idée de s'enfuir, et nourrissait tous ses espoirs dans une nouvelle vie à l'extérieur. Elle s'était promis qu'une fois libre, elle n'utiliserait plus jamais ses pouvoirs, pour ne pas perdre la raison comme lui, mais en attendant, son plan nécessitait une bonne maîtrise de ses dons pour le battre. C'est pourquoi elle s'entraîna assidument, déterminée, le regard noir de fureur, chaque jour pendant un an, en s'excusant chaque soir dans ses prières à sa mère. Après un an de bons et loyaux services, son père finit par l'emmener avec lui à l'extérieur, et à la première occasion, elle utilisa ses pouvoirs pour s'enfuir. D'abord un flash lumineux pour l'aveugler, le déstabilisant juste assez de temps pour se remplacer par un clone parfait, et se mettre à courir dans les ruelles, le plus loin possible et le plus vite possible. Son collier toujours attaché autour du cou, il ne pouvait pas la localiser à l'aide de la magie, en théorie. Elle misa tout sur ce point, ainsi que sur la chance qu'elle avait d'être sur son terrain, la ville de son enfance, San Francisco. Le cœur battant fort contre sa poitrine, elle n'arrivait pas à s'arrêter de courir, transie de peur à l'idée qu'il ne la retrouve. Elle se sentait sans défense, et savait qu'il ne s'arrêterait jamais de la chercher. Pour avoir le droit de vivre normalement, il fallait qu'elle s'en débarrasse définitivement. Il ne lui laissait pas le choix. Elle savait qu'elle prenait le risque de mourir dans sa tentative désespérée, mais elle préférait ce sort à une vie entière à ses côtés. Elle retrouva facilement la boutique où sa mère achetait ses ingrédients magiques, et attendit la fermeture pour s'y introduire et y voler ce dont elle avait besoin : six cristaux, et les ingrédients pour détruire un démon. A partir des connaissances que sa mère lui avaient apprises, elle choisit tout ce qui pouvait être mis dans ce type de potion sans exception. Elle voulait être sûre qu'il ne revienne jamais. S'en suivit un long temps de préparation, qui lui rappelait des souvenirs. Elle entendait encore les conseils de sa mère, comme si c'était hier. Il lui fallut ensuite trouver sa première formule, et elle n'avait vraiment aucune idée de comment cela pouvait fonctionner, sa mère n'étant pas une sorcière. Elle positionna donc les cristaux en cercle en laissant un espace à combler, prit trois petits flocons de potion dans sa poche de pantalon, retira son collier et décida de parler avec son cœur :
"Si tu veux tant me trouver, viens me chercher, ta fille t'attend, dans la boutique d'un marchand". Elle se sentit bête l'espace d'une seconde, avec son incantation ridicule, puis il apparut, et son cœur fit un bond, tandis qu'elle venait poser rapidement le dernier cristal, l'enfermant ainsi derrière des arcs électriques la protégeant. Son plan avait fonctionné à la perfection, et elle souriait en remettant son collier protecteur, tandis qu'il tentait de la supplier inutilement. Elle prit une potion dans sa main droite, et lui dit ses premiers, et ses derniers mots :
"Tu ne pourras pas dire que tu ne m'y as pas obligée...", avant de lancer sa concoction en plein sur son torse, qui se mit à fumer. Le démon s'embrasa soudainement, et Marly resta imperturbable jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un tas de cendres. C'était fini, et la pression ressentie durant une année entière s'en allant, elle s'écroula au sol, et s'autorisa enfin à ressentir tout ce qu'elle avait dénié, craquant, et ne pouvant s'arrêter de pleurer, de longs sanglots exprimant l'ampleur de sa douleur. Le propriétaire de la boutique la trouva le lendemain endormie, roulée en boule sur le sol, près de verre brisé et de traces de brûlures. Il comprit que quelque chose de grave était arrivé, mais ne posa aucune question, se contentant de la diriger vers les services sociaux afin qu'ils s'occupent d'elle.
-----
"Voilà ta chambre." Marly étant trop âgée pour être adoptée, elle avait été prise en charge par l'orphelinat du quartier de Laguna Honda, quartier animé de San Francisco. Le tribunal avait décidé qu'elle y resterait jusqu'à ses dix-huit ans. Elle avait refusé d'expliquer à qui que ce soit ce qui s'était passé, durant cette année où elle avait disparu, ainsi, elle avait hérité d'un suivi psychologique, et d'une éducatrice, qui l'accompagnait dans la découverte de son nouveau chez elle. A peine avait-elle ouvert la porte de sa chambre qu'une jeune fille l'accueillit avec entrain :
"Bienvenue ! Je suis Sam, ta colocataire. Je t'ai préparé ton lit, tu as une commode pour tes affaires juste là et ton bureau est celui là. Hésite pas à me demander quoi que ce soit, je serai ravie de t'aider à te sentir bien ici." Ses mains ne cessaient de gesticuler au fil de son discours, et elle semblait très bavarde, en opposition à la jeune brune. Le regard sombre de Marly se posa sur sa colocataire haute en couleurs, et sans lui dire un mot, elle alla s'asseoir sur son lit. Elle n'avait aucune affaire à ranger, pensa-t-elle en parcourant son espace du regard.
"Je te laisse faire tes marques ce matin, et cet après-midi, nous irons t'acheter quelques affaires. D'accord ?", demanda son éducatrice, comme si elle avait entendu sa pensée. Elle n'obtint pour réponse qu'un hochement de tête, avant de s'en aller à ses occupations. Sam ne tint pas longtemps avant de continuer à parler :
"Tu ne m'as pas l'air du genre bavarde, mais tu sais, on a tous un vécu difficile ici, et je pense que ce n'est qu'en s'ouvrant aux autres, et en s'appuyant les uns sur les autres qu'on peut réussir à s'en relever. Je comprends que tu aies besoin de temps, mais je te préviens, moi, je n'aime pas le silence, alors je risque de continuer à te parler quand même, et si ça t'agace, tu n'auras qu'à me le dire..." Elle termina sa deuxième tirade par un petit sourire, fière de sa petite blague, et reprit aussitôt, lui décrivant les autres orphelins du lieu, et la mettant au parfum des histoires du moment. Elle savait qu'avec ses commérages, Sam tentait de la faire parler, et sans savoir pourquoi, Marly se laissait peu à peu amadouer par cette jeune fille. Pétillante et pleine de gentillesse, elle avait l'air rigolote, et elle donnait envie de la connaître. Malgré que la brune tentait de ne plus s'attacher en ne lui répondant à aucun de ses récits, elle finit par lui arracher un sourire, signe qu'elle avait gagné.
"Ah, je savais que j'y arriverai. Tu peux au moins me dire ton prénom, maintenant." "Marly." Et c'était le début d'une longue amitié.
-----
Durant quatre ans, elle obtint ce qu'elle voulait : une vie normale, sans magie, dans laquelle elle put guérir peu à peu de son deuil, grâce aux soins que sa psychologue et son éducatrice lui apportaient, mais aussi grâce à l'amitié de Sam, sur qui elle pouvait se reposer sans crainte. Elle continuait sa scolarité brillamment à ses côtés, en tenant la promesse qu'elle s'était faite de ne jamais utiliser ses pouvoirs. Sa maturité et sa méfiance la tenait encore à l'écart des jeunes quelques fois, mais Sam était là pour la pousser à s'intégrer, et l'aider à s'ouvrir en société. Malgré qu'elle ait de nouveaux proches, elle n'avait toujours parlé à personne de ce qui lui était arrivé, et des connaissances qu'elle avait, et elle ne ne comptait pas le faire, souhaitant se tenir éloignée du monde magique. Une certaine peur d'être retrouvée subsistait chez Marly, à l'idée qu'en parler attire le mauvais sort. Et, plus que tout, elle refusait de se laisser embarquer dans la puérilité des combats entre "méchants" et "gentils", ayant d'autres aspirations pour sa vie. D'un naturel introvertie, elle avait pris l'habitude d'observer la vie de son quartier, et y avait vu beaucoup de problèmes sociaux, et de pauvreté. Dans son établissement, elle côtoyait des élèves dont les situations familiales étaient chaotiques. C'était à ces personnes qu'elle voulait venir en aide, quand elle serait "grande". Alors, elle faisait tout pour satisfaire ses ambitions humaines, et elle essayait d'oublier tout ce qui la reliait à la magie, allant jusqu'à entrer dans le déni d'un nouveau pouvoir, lorsque celui-ci apparut.
-----
Depuis près d'un mois, Marly avait l'impression d'entendre des appels. Un murmure indistinct d'abord, qui s'était fait de plus en plus présent. Elle avait à présent l'impression qu'elle était appelée vers un lieu, qu'elle avait une mission là-bas, sans réussir à expliquer ce sentiment nouveau. Puis, la sensation d'appels se transforma en cris, résonnant dans son esprit. Elle devait de plus en plus souvent quitter la classe à cause de ce problème, et cela commençait à lui faire peur. Elle avait l'impression qu'on jouait avec son esprit, qu'elle devenait folle, et l'idée que cela la rende maléfique la terrorisait. Un jour, alors qu'elle s'était enfermée dans les toilettes, elle ferma les yeux pour se calmer, et se sentit s'éclipser. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était face à un démon, et une femme enceinte pleurait à sa gauche, paralysée par la peur. Privée de tous ses repères, et le cœur battant de plus en plus rapidement, elle ne savait pas quoi faire face à ce spectacle. Aucune préparation ne lui avait été donnée. Une boule d'électricité apparut dans la main du démon et Marly ne pensa plus qu'à une chose : il était hors de question que cela arrive à nouveau, pas sous ses yeux. Elle ne pensa plus qu'elle avait des pouvoirs, ni qu'elle aurait eu d'autres moyens de protéger cette inconnue, et sans réfléchir, elle se jeta sur le danger. Elle sentit l'électricité parcourir son corps frêle, la brûlant et contractant ses muscles, tandis que son corps retombait sur le sol brutalement. Elle criait en se contorsionnant de douleur, au bord de l'évanouissement, tandis qu'il se préparait à finir le travail. Elle pensait vraiment qu'elle allait mourir aussi bêtement, quand elle sentit une personne attraper son épaule. L'instant suivant, elle était sur le toit de l'orphelinat, en sécurité, tout comme la femme enceinte, qui s'était évanouie, face à tant d'émotions. Le soulagement qu'elle ressentit à la voir, en sécurité fut de courte durée lorsqu'elle découvrit son éducatrice, à genoux, les deux mains au-dessus d'elle. Elle se posait mille questions, sans que sa condition ne lui permette de les exprimer. Une lumière sembla sortir des mains de la jeune femme, et Marly commença à se sentir mieux. Ce fut bientôt comme si il ne lui était jamais rien arrivé.
"Qu'est-ce que tu es ?", fut sa première question, méfiante envers tout être magique. Joey sourit face à ce choix de question, et répondit calmement :
"Je suis un être de lumière, et en particulier, ma mission est de te protéger, et de te guider dans ta vie magique." Le regard de Marly s'assombrit. Elle se sentait trahie, et déçue d'avoir laissé une fois de plus un être magique entrer dans sa vie et la gâcher par un événement traumatisant.
"Tu peux repartir alors, car il est hors de question que j'utilise la magie", répondit-elle avec hargne et détermination. Son éducatrice sembla touchée par cette résignation. La brune aurait eu encore beaucoup de questions pour elle, mais elle voulait taire cette curiosité, qui ne lui était d'aucune utilité. Elle avait fait le choix de vivre sans la magie, et elle ne voulait rien savoir de plus sur ce monde. Elle s'apprêtait à s'en aller, quand Joey la retint :
"Attends, je comprends, mais j'ai besoin de toi pour une chose. Je sais que tu veux aider les innocents, c'est pour ça que tu t'es interposée tout à l'heure, et tu peux encore faire une chose pour cette femme. Tu peux effacer les souvenirs de la magie chez elle, et l'empêcher de vivre dans la peur." Elle marquait un point. Marly, sans cacher son agacement, s'approcha de la jeune femme, sans savoir comment procéder.
"Essaye de te concentrer sur les moments que tu souhaites effacer, respire calmement, et pose ta main sur son front." C'était comme revivre la scène à l'envers. Elle sentit l'apaisement chez la jeune femme, lorsqu'elle eut finit, et un sentiment d'accomplissement personnel vint mettre un peu de baume à son cœur. Le vœu de ne pas utiliser ses pouvoirs restait plus fort, et elle s'empressa de s'en aller avant de s'attendrir, ne laissant à Joey que le temps de lui glisser :
"Tu continueras à les entendre, tu sais..."-----
A peine une semaine plus tard, Marly se voyait obligée de recommencer. A présent qu'elle savait qu'il s'agissait d'innocents en danger, elle était moralement incapable de les ignorer. Cela la plongeait dans un dilemme intérieur, face à sa promesse, mais elle commençait à penser que ce rôle lui avait sûrement été donné pour une raison, et qu'elle ne pouvait définitivement pas aller à l'encontre de cela. Cette fois, elle savait ce qui l'attendait, et elle utilisa simplement son don pour aveugler le démon, et éclipser l'innocent en sécurité, où elle effaça sa mémoire avant de le laisser retourner à sa vie. Joey la rejoint quelques secondes après son départ.
"Je le savais." Marly était assez agacée de voir qu'on ne lui laissait pas vraiment le choix, comme si elle ne pouvait pas se débarrasser de sa part magique, et elle ne voulait surtout pas que l'être de lumière pense que cela allait être aussi facile.
"J'ai mes conditions. Premièrement, je ne veux utiliser mes pouvoirs que comme moyen de défense. Je ne participerai pas à la petie guerre que se font le bien et le mal, je souhaite simplement éviter les dommages collatéraux parmi les humains. Deuxièmement, je ne les utiliserai que comme je le voudrai. Je n'obéirai à aucun ordre, ni à aucune personne." Les longs discours étaient rares pour la discrète brune. Elle avait énoncé cela très froidement, en regardant son ancienne éducatrice droit dans les yeux, à l'affût de la moindre indication négative. Elle avait réfléchi, et pensait pouvoir mener une vie normale en parallèle de ce rôle.
"Je n'ai jamais eu l'intention, ni la prétention de te contrôler. Au contraire, je suis à ton service, pour t'aider, te protéger, et répondre à tes questions, si je le peux. Il faut que tu me fasses confiance." Elle doutait encore, mais était prête à lui laisser une chance de l'aider :
"Alors, explique-moi tout : Pour qui travailles-tu ? Et qu'est-ce qui m'arrive en ce moment ?" Elles discutèrent longtemps, et la brune livra pour la première fois une partie de son histoire à son être de lumière. En rentrant, Sam était pleine de questions. Ses comportements avaient été étranges, et elle savait qu'elle ne pourrait pas continuer à ne rien lui dire longtemps. Marly ne savait plus vraiment où elle allait, dans cette nouvelle vie incluant de la magie, mais elle savait qu'elle ne voulait pas mentir à sa meilleure amie, ni la mettre en danger. Si elle devait rester auprès d'elle, elle devait être prête à affronter certains dangers. Les démons qu'elle avait croisé jusqu'ici n'étaient que des sous-fifres, mais elles savaient qu'il en existait de bien plus inquiétants. Alors, elle lui avoua l'existence de la magie, et ce qu'elle avait appris dernièrement, qu'elle était une gardienne de l'ordre, en passant les détails de son passé. Elle lui montra ce qu'elle savait faire, et elles discutèrent toute la nuit. Passionnée par cette nouvelle face du monde qui s'ouvrait à elle, sa meilleure amie sembla tout de suite curieuse et pleine d'entrain à l'idée de participer à ses aventures, tandis que Marly était plus partagée, dévastée à l'idée de la perdre. Elles avaient décidé d'attendre que la jeune brune s'améliore, et prenne ses marques, avant de prendre une décision, qui nécessitait plus de réflexion, et peut-être plus de maturité. En attendant, elle avait promis de la former à préparer des potions, après qu'elle l'ait supplié une heure durant.
-----
Marly avait encore passé quatre ans dans cet orphelinat, à se former avec Joey et à rêver de son avenir avec Sam. Elles obtinrent toutes les deux une bourse pour étudier à l'Université de San Francisco, et vécurent deux ans ensemble sur le campus, avant de prendre une maison en commun, à la fin des études de Marly. Elles étaient retournées dans leur quartier, à Laguna Honda, aider les gens qui les avaient entouré durant les moments les plus difficiles. Dès que Sam eut finit ses études, elles ouvrirent un cabinet ensemble : une avocate et une assistante sociale, prêtes à changer les vies des gens du quartier. En parallèle, elles formaient un trio de choc avec Joey, menée par les appels de Marly, et protégée par les potions et objets de Sam, pour punir tous ceux qui oseraient s'en prendre à un innocent. La brune continuait à garder une certaine méfiance envers la magie, part de ses entraînements avec son père, et des convictions de sa mère. Souhaitant utiliser de moins en moins ses dons de sorcière, elle préférait compter sur les talents de concoction de sa meilleure amie. Ainsi, elles avaient trouvé un équilibre permettant d'éviter de la mettre en danger. Elles vécurent de nombreuses aventures durant les sept années qui suivirent, magiques comme non magiques, mais Marly est secrète, et ce qui doit être su, le sera en temps voulu. Le plus important à ses yeux est qu'en sept années, ce trio et leur dynamique n'ont pas changé, plus fusionnelles et fidèles que jamais. Marly jongle encore aujourd'hui entre ses deux vies, mais réussit à y conserver un certain équilibre grâce à ces deux femmes, et reste fidèle à ses principes du premier jour. Elle aide des personnes au quotidien, et c'est ce qu'elle a toujours voulu faire.